02/09/2020
02/09/2020
Presse
20-minutes

INNOVATION – La technologie LuminoKrom, développée par une entreprise de Pessac (Gironde), permet à cette peinture de renvoyer de la lumière la nuit et ainsi d’éclairer les pistes cyclables.

Cette innovation développée par OliKrom, en partenariat avec Eiffage, a été inaugurée en 2018. Elle équipe désormais une vingtaine de sites en France.
A la faveur de la création de nouvelles pistes cyclables depuis la fin du confinement, OliKrom espère bénéficier d’un engouement de la part des collectivités.

Une innovation qui sort petit à petit de l’ombre. Deux ans après son lancement, la technologie LuminoKrom, développée par l’entreprise Olikrom basée à Pessac (Gironde), a équipé une vingtaine de pistes cyclables en France, de l’Alsace à l’agglomération bordelaise en passant par Annecy.

Cette peinture photoluminescente – qui renvoie de la lumière la nuit après l’avoir absorbée le jour – avait été inaugurée sur une première piste cyclable à Pessac, en septembre 2018. Développée en partenariat avec Eiffage, il avait fallu quatre ans à Olikrom pour lui faire voir le jour. En cette rentrée, l’Université Bordeaux-Montaigne a fait le choix de cette technologie pour l’une des pistes de son campus, un tronçon de plus de 500 mètres. « En pente, sinueux et dépourvu d’éclairages publics, il était particulièrement accidentogène, explique Olikrom dans un communiqué. En captant la lumière en journée et en créant un « guide lumineux » la nuit, ce nouveau marquage routier participe à la sécurisation des déplacements des usagers. »

 

« Cette rentrée représente un gros enjeu car les mairies préparent leurs plans vélo »

La société pessacaise aimerait toutefois passer à la vitesse supérieure, et espère bénéficier d’un créneau favorable grâce au boom du vélo dans les agglomérations françaises. « Cette rentrée représente un gros enjeu pour nous, reconnaît Jean-François Létard, président-fondateur d’Olikrom, et ancien directeur de recherches au CNRS, car les mairies sont en train de déployer leurs plans vélo, et il va aussi leur falloir pérenniser ou remplacer ce marquage jaune qui s’est développé un peu partout à l’issue du confinement » (les fameuses coronapistes).

« Après l’engouement pour le vélo du printemps et de l’été, poursuit-il, le défi pour les municipalités va être d’encourager les gens à continuer d’utiliser le vélo, alors que l’on se dirige vers des météos moins clémentes et des nuits qui vont tomber de plus en plus tôt… » C’est bien entendu là que la technologie LuminoKrom entend démontrer son utilité.

OliKrom, qui compte une vingtaine de salariés, est capable « de répondre sous sept jours à la commande d’une collectivité, promet-il. Dans ce contexte de Covid, c’est un moyen très rapide d’équiper et de sécuriser une ville. » Et Jean-François Létard d’annoncer des projets à Floirac et Villenave-d’Ornon.

 

« Voir comment cette expérimentation vieillit dans le temps »

« C’est une technologie extrêmement intéressante, confirme Clément Rossignol-Puech, maire EELV de Bègles et vice-président de la métropole en charge des mobilités, même si elle a un coût, puisque c’est environ dix fois plus cher qu’une peinture classique. Mais il est vrai que lorsqu’il n’y a pas d’éclairage public la nuit, c’est compliqué de voir les aménagements. Il faut juste se donner un peu de temps pour voir comment cette expérimentation vieillit, mais je suis favorable à ce que l’on poursuive. »

Cette innovation « made in Aquitaine » permet aussi de répondre à d’autres enjeux, notamment celui de la pollution lumineuse, alors que de plus en plus de villes « coupent une partie de leur éclairage la nuit » pour des raisons économiques et environnementales. Et Jean-François Létard préfère de son côté mettre en avant qu’ à 4.000 euros du km, sa peinture luminescente « coûte beaucoup moins cher que de l’éclairage public, qui revient entre 200.000 et 400.000 euros du km. »

 

Marquage photoluminescente, Une visibilité comprise entre 50 m et 80 m

Cette technologie, brevetée, ne sert évidemment pas qu’à équiper les pistes cyclables, mais peut aussi s’avérer efficace sur certaines routes. « Nous avons aussi des projets pour la déployer sur des cheminements piétons, ajoute Jean-François Létard, car à Bordeaux beaucoup d’étudiants font la fête dans le centre-ville, mais la plupart du temps ils résident sur Pessac et Talence. La nuit vous avez ainsi un cortège d’étudiants en train de marcher avec leurs téléphones portables pour voir, parce que la ville se transforme en véritable piège. »

Selon une étude menée par l’Ifsttar (Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux), la peinture Luminokrom permettrait une visibilité comprise entre 50 et 80 mètres. Composée de pigments « qui ont la capacité de se charger par la lumière directe ou indirecte du soleil, et aussi aux phares de voiture et vélo », cette peinture libère la nuit la lumière emmagasinée le jour.

OliKrom devrait annoncer dans quelques semaines son premier contrat avec une grande ville d’Europe.